(CLARIOZ) Des Gammes et des Arpèges

Des Gammes et

des Arpèges

Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do.

Les plantations, à l'instar de la bibliothèque, regorgeaient de spécimens magnifiques. Depuis deux heures, j'essayais de planter un pied de vigne correctement, mais il tombait et ne restait pas en place. Le bouquin sur les plantes ne me servait à rien. Déméter devait me trouver une bien piètre agricultrice ! Décidément, cela ne servait à rien.

Je trouvais à chaque fois le QG plus déprimant, moins attractif et je m'ennuyais à longueur de journée. Depuis quelques jours, je commençai à ne plus savoir quoi faire mes journées. Les cours ne m'intéressaient plus, j'avais lu la moitié de la bibliothèque et je ne savais pas quoi faire.

Ici, comme sûrement au QG des Shadowhunters, des petites soirées s'organisaient. Ce soir, il y en aurait une. Une soirée dansante, où la plupart des gens allaient boire, fumer et s'amuser. Je ne pouvais ni boire à en devenir ivre, ni danser.

Clarke a dit et:

« Okay, on se retrouve ce soir. » J'ai un large sourire devant la jeune femme qui vient de me prévenir que ce soir, une fête se tiendra. Je m'éloigne en passant ma main dans les cheveux : un coup d'oeil par une fenêtre me permet de voir qu'il fait beau. Ce sera une belle nuit, et je sais déjà avec qui je voudrais la passer. Clarke. Je n'ai toujours pas gagné notre concours de boisson, et ça me rend extrêmement jaloux. Ne pas pouvoir être ivre, ou tenir l'alcool à ce point, c'est juste divin ! J'ai un sourire devant ma propre blague, et remarque une silhouette près de la serre. Une silhouette connue, et dans un geste, je sors par la fenêtre avec habileté. Les portes, c'est pour les nuls.

Je m'élance vers la serre et m'arrête à quelques mètres pour observer la jeune femme : elle tente de toute évidence de faire des ... et bien, des trucs avec une plante. J'y connais rien, et tout ce que je vois, c'est la terre et le plant. Je m'approche finalement et je me penche pour la surprendre, apparaissant soudainement dans son champ de vision. « Une vigne. Tu es plus douée pour boire son fruit que pour le planter, hm ? » Mais c'est juste une plaisanterie, et je passe ma main dans ses cheveux dans un geste affectueux, pour ponctuer ma phrase amicale.

« J'te dérange pas ? Je t'ai vu au loin faire des trucs avec les plantes. J'y connais rien, je sais pas si tu as besoin de concentration ou de silence ? » Parce que, pour le silence ou le calme, avec moi, c'était un peu mort. « Tiens, rien à voir, mais ce soir y'a une fête, ça te tente de faire comme d'habitude et de me regarder me bourrer la gueule pendant que tu es divinement sobre ? » Nouveau sourire amusé. Je me suis finalement assis en tailleur près d'elle, observant son travail.

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Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do.

Je n'avais pas entendu Berlioz approcher. Berlioz. Quand je pensais à lui, je pensais toujours à la boisson. Nos petits concours pour savoir qui tiendrait le coup à l'alcool étaient toujours remportés par moi. Il me faisait rire et pleurer, Berlioz. Quand il s'approche de moi, je fais mine de ne pas l'avoir vu, mais ne peux cacher mon sourire lorsqu'il me lance: « Une vigne. Tu es plus douée pour boire son fruit que pour le planter, hm ? ». Lorsqu'il m'ébouriffe les cheveux, je lui souris franchement.

L'espace calme de la serre a changé en une ambiance plus colorée. Berlioz illumine ma journée. « J'te dérange pas ? Je t'ai vu au loin faire des trucs avec les plantes. J'y connais rien, je sais pas si tu as besoin de concentration ou de silence ? » Si il savait... Il ne me dérange jamais. Et puis de toute manière je n'arrivai à rien avec cette plante, alors changer d'occupation, ça ne peut pas me faire de mal.

« Tiens, rien à voir, mais ce soir y'a une fête, ça te tente de faire comme d'habitude et de me regarder me bourrer la gueule pendant que tu es divinement sobre ? » Ainsi donc, il y aurait une fête ce soir. Il s'assoit en tailleur près de moi, et me regarde. « Tu y vas ? Si tu y vas, moi aussi. Je m'ennuierai sinon. » Je regarde tristement mon livre. De toute façon, Berlioz et moi ne passeront pas toute la soirée ensemble. « Ce soir, je n'ai pas envie de boire. Et je n'ai pas envie que tu boives aussi. » J'attends un peu. « Ce soir, aucun concours entre nous. » Je le regarde droit dans les yeux, souris et retourne dans la contemplation de ma plante. C'est vrai, je sais mieux boire son fruit que les faire pousser.

Je suis bêtement heureux d'être à côté d'une présence aussi douce que Clary. Quand je pense fête, je pense à elle, à ses rires discrets, à nos discussions un peu rocambolesques - merci l'ivresse - et à ma fierté égratignée de ne pouvoir la battre à mon concours. Mais si je devais avouer quelque chose, c'est que ça me plaît bien de traîner avec elle. Dans le fond, nos petites soirées entourées de musique, ça reste nos soirées, même si je dois sûrement draguer sans faire exprès quand le black out entraîne mon esprit. Je continue de l'observer, curieux : j'espère, dans un sens, qu'elle va faire pousser la vigne de façon magique et démentielle. « Bien sûr que j'y vais. Une fête sans moi, ça ne serait pas une fête. Je ne peux pas les laisser s'ennuyer. » J'ai un petit ricanement, fier de ma bêtise. Mais c'est vrai que je met l'ambiance - dans le plus pur style hystérique et hyperactif, mais c'est de l'ambiance quand même, quand je monte sur les tables pour danser.

Mon sourire s'efface un peu devant les paroles de Clary, et je fronce les sourcils une seconde, surpris par sa demande. Ne pas boire ? Pas de concours ? Voilà qui est peu habituel. Je gratte ma nuque, mais face à ses prunelles ourlées de longs cils, je peux pas dire non. « Si tu veux. Ca va faire tout drôle de me souvenir de la fin de soirée, mais oké. » Je me penche et pousse du doigt le plant, en clignant stupidement des yeux. « Ils disent quoi, dans ton livre ? Pour la planter, tout ça ? Tu as pas des dons avec les vignes, normalement ? » C'est pas blessant ce que je dis, je suis juste curieux. « J'aimerais bien pouvoir t'aider ... Si tu veux un petit orage ... » Je hausse doucement les épaules. Une question franchit mes lèvres, rompant encore une fois le calme de la serre : « Pourquoi tu veux faire pousser une vigne ? » Je m'allonge dans la terre, après avoir vérifié que rien n'y poussait, et je ferme les yeux ; il fait bon ici, et le soleil tape tranquillement, du coup ça me donne envie de somnoler, roulé en boule. L'odeur forte de nature est agréable aussi, même si le parfum le plus doux est celui de la jeune femme. « T'as peur de perdre le concours ce soir ? » je lance, avec un sourire amusé, déjà certain que ce n'est pas ça, mais qui ne tente rien n'a rien.

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Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do.

Pendant un petit moment, nous nous étions tus et j'avais stupidement eu envie que ce moment dure le plus longtemps possible. Comme dans les vieux films. C'est vrai, Berli a raison, une fête sans lui, ce n'est pas une fête c'est... rien. Parfois quand je le vois monter et danser sur les tables, je me dis que l'alcool fait faire vraiment n'importe quoi. Quand je vois son sourire qui s'efface, j'ai l'impression d'avoir fait une mauvaise action. Je savais qu'il n'allait pas forcément bien le prendre, parce que boire, entre nous, c'est notre petit truc. Et puis cela ne faisait pas longtemps que nous avions fait un concours, recommencer aurait mené à mal. Moi, cela ne me fait rien, mais j'ai appris que ça dégradait la santé. « Tu sais, je maîtrise la vigne à partir du moment où elles sont plantées. Quand elles ne sont pas mises en terre... C'est un peu délicat... Tu vois ? »

Un petit orage, les fourberies de Zeus. Avant que je puisse réfléchir, je lance « J'ai déjà subi quelques foudres de ta part. » Bon. Je me trahis un peu, en disant ça. Je le vois s'allonger sur la terre fraîche, que j'avais labouré avant, mais ce n'est pas grave. Je contemple Berli. Les yeux fermés, il semble goûter la douceur de ces lieux. « T'as peur de perdre le concours ce soir ? » Quand il sourit, je lui réplique « Non, j'ai juste peur que tu perdes face à moi. Et qu'après, tu ne te souviennes plus de rien. » Je m'allonge à ses côtés, ferme les yeux et jette le livre au loin. Il ne me servira plus à rien, désormais.

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