Better you die than i.

C’est la débandade. Y’a tout qui part en vrilles. Rien qu’elle n’arrive à contrôler. Harlow, elle a lâché prise. S’est retrouvée happée dans l’inconnu. Et l’inconnu, Harlow, et bah elle déteste ça. Tout ce qui n’est pas prévu. Qui n’est pas organisé. Planifié. Elle en a horreur. Elle qui est si carré, si prévisible. Presque militaire. Pourtant, le plan, à la base, il était simple. Comme elle les aime. Mais y’a eu une couille, y’a eu un hic. Un petit grain de sable qui est venu mettre à mal l’engrenage pourtant bien rôdé. Quand elle parle de petit grain de sable, elle veut plutôt dire d’énormes cailloux. Les monstres de la mission, c’était des harpies. Deux ou trois, pas plus. Alors ils avaient envoyé que deux Shadowhunters. Parce que ça serait suffisant. Sauf qu’ils avaient tort. Qu’ils s’étaient trompés dans leurs calculs. Y’avait pas que deux ou trois harpies. Y’en avait une dizaine. Et du coup, quand Atlas et elle se sont retrouvés sur le lieu de la mission, et bien ils se sont vite rendu compte que la tâche ne serait pas aussi simple que prévu. Pire, qu’il leur faudrait des renforts s’ils voulaient réussir cette mission. Et rester en vie, au passage. Au départ groupés, l’un contre l’autre, le combat les a séparé. Tout s’est passé si vite, qu’Harlow, elle ne s’est rendue compte de rien. « Atlas ? » Elle hurle. À s’en vriller les tympans. À s’en déchirer les cordes vocales. Tant pis si ça réveille le voisinage endormi. Tant pis si ça fait fondre des harpies sur elle. Y’a plus Atlas dans son champs de vision. Ses yeux, qui percent la nuit, ne perçoivent rien du tout. Harlow, elle pose son regard vers la harpie qui agonise à ses côtés. Qui a failli avoir sa peau, et qui, avant d’avoir le coup fatal, lui a lacéré la jambe. Rien de bien méchant, mais ça lui laisse quand même un gout amer dans la bouche. « ATLAS ? » qu’elle vocifère à nouveau, récupérant ses flèches dans le corps de la harpie. L’économie est de mise, surtout ce soir. Harlow parcoure les ruelles, au début en boitant, puis petit à petit en reprenant une marche fluide. Elle se faufile, est aux aguets. Sur le qui-vive. Des bruits la font s’arrêter. Son souffle se coupe, ses yeux parcourent les alentours. Un combat. Elle y mettrait sa main à couper. Atlas ? Le perdre serait insurmontable. Surtout après la mort encore récente de James. Alors Harlow, elle cherche pas, elle fonce tête baissée. Ce qu’elle ne fait jamais, d’ailleurs. Mais là, y’a l’adrénaline qui coule dans ses veines. La peur qu’il soit arrivé quelque chose à Atlas qui la fait accélérer. Harlow pénètre sur une petite place, où en effet un combat se déroule sous ses yeux. Mais ce n’est pas Atlas. C’est… Quelqu’un d’autre. À Mountebank, surement. Parce qu’elle ne le connait pas. Et Harlow, elle connait tous les Shadowhunters. Le sorcier affronte deux harpies, et on ne peut pas dire qu’il soit dans une bonne posture. Il est en difficulté, assailli de part et d’autre. Harlow, elle réfléchit pas. Parce qu’au-delà de la rancœur entre les deux clans, elle peut pas laisser un chasseur dans la merde. Alors elle décoche une flèche. Puis une autre. Et encore une autre. Toutes touchent leur cible, et les harpies, blessées, reculent. « MAGNE-TOI. » qu’elle impose au sorcier. Qu’il la rejoigne. Qu’ils aillent se planquer dans une ruelle pour qu’ils fassent le point. Y’a une benne à ordures, juste derrière Harlow. De quoi les cacher pendant quelques minutes. Le temps de panser les blessures du sorcier si nécessaire, et de trouver une nouvelle stratégie. « T’es tout seul ? » qu’elle lui demande, alors qu’il est à son niveau. Parce qu’un chasseur seul en cette nuit est très risqué. Presque suicidaire vu le nombre de harpies.